Michèle FREUD
Psychothérapeute, Praticienne en EMDR et en thérapies brèves

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LA DEPENDANCE :
UNE PROBLEMATIQUE DU LIEN ?


En lien direct avec les relations tissées avec nos figures d’attachement, (parents et proches), les origines de la dépendance prennent forme dès les premières années de notre vie.
C’est en constatant qu’il peut s’aventurer seul qu’un enfant gagne en assurance et en autonomie. Soutenu et encouragé dans son envol, il puise la confiance nécessaire pour consentir à s’éloigner des siens et à s’en détacher.
En réalité, l’autonomie se développe en deux temps : le premier temps réside dans l’acquisition de bases solides propres à installer son système de sécurité intérieure, le second consiste à s’éloigner de cette assise pour « voler de ses propres ailes. »
Si l’une de ces deux étapes est déficiente, le processus d’autonomie risque d’être entravé.

Le schéma de la dépendance est repérable aussi bien parmi les enfants surprotégés que chez ceux ayant vécu des carences affectives.
Souvent, la dépendance résulte d’un excès de protection : à l’instar de ces parents hélicoptères volant au secours des moindres faits et gestes de leur enfant, ou de ceux tissant un lien trop fusionnel avec lui se révélant impossible à défaire.
Intervenant dans la vie intime de l’enfant, dans ses activités quotidiennes, ils l’empêchent d’agir par lui-même, éludant ainsi toute possibilité d’accession à une quelconque indépendance. Certes, ils prodiguent de l’amour mais nient le soutien et la liberté nécessaires au développement de l’autonomie.
Plus tard, ce même enfant hésitera à se fier à son propre jugement. Devenu adulte, il aura besoin de l’approbation des autres pour exister, le doute est d’ailleurs au cœur de la dépendance. Monsieur B., en thérapie, relate :
Enfant et même adolescent, chaque fois que je tentais une quelconque initiative, ma mère me déclarait : « Laisse-moi faire, tu n’y arriveras pas tout seul ! ».  Aujourd’hui, face aux difficultés, j’abdique, je capitule, sans me battre. Je n’ai jamais réussi à conserver un emploi plus d’un an, j’ai raté ma vie affective aussi. En y réfléchissant, j’ai le sentiment que la prédiction de ma mère, bien ancrée dans mon inconscient, m’a probablement empêché de me réaliser pleinement. »

Certains enfants, à l’inverse, exposés dès leur plus jeune âge à des parents non disponibles, sont livrés à eux-mêmes et de ce fait, forcés à une autogestion prématurée. Ils donnent souvent l’illusion d’être autonomes alors qu’en réalité, ils sont très dépendants.

D’autres encore, victimes d’agressions verbales ou physiques, apprennent très tôt qu’il est dangereux de formuler une demande. Se sentant menacés, ils répriment toute forme d’expression ou d’émotions, cherchant un apaisement à travers, par exemple, une alimentation doudou.
Nombreuses sont les personnes dépendantes à relater une enfance heureuse jusqu’à ce qu’elles quittent le foyer familial. Face à l’angoisse de cette impossible séparation, et au vide ressenti, elles pensent trouver le réconfort nécessaire pour affronter la vie dans toutes sortes d’addictions.
Lorsque les figures d’attachement ont été déficientes, du fait de carences, négligences ou rejets, tout le système d’attachement est insecure.
Ce manque de sécurité risque de se faire ressentir dans l’ensemble des relations. La peur du rejet et de l’abandon est au cœur de cette problématique.

Le couple et la dépendance

Les personnalités dépendantes étouffent leur vie intérieure, épousant des rôles dans lesquels elles se mouleront en fonction des attentes de l’autre, jusqu’à effacer les frontières déjà vacillantes de leur moi, perdant tout contact avec leurs besoins et niant tout désir.
Dans la dépendance affective, la relation devient très vite étouffante, voire aliénante surtout si l’on cherche à se fondre dans le désir de l’autre, à épouser sa personnalité, de peur d’être abandonné. « L’autre » sert à combler toutes les carences et à étancher une soif d’absolu et d’idéalisation. Son regard devient indispensable pour confirmer sa propre existence.

Pouvoir se promener dans son jardin secret, se confronter au silence, à la solitude et à soi pour apprendre à être avec autrui est une nécessité vitale. Or, la dépendance interdit précisément toute intimité avec soi-même.
Certains adultes sont incapables de se prodiguer des soins de base, comme se nourrir sainement, se soucier de leur santé, se faire plaisir ou se reposer lorsque le besoin s’en fait sentir. Lorsqu’on est maintenu dans un processus de survie, on n’est nullement préoccupé par sa croissance personnelle ou son plaisir.
« L’expérience la plus pénible pour moi, exprime Gina, a été de reconnaître que j’avais des besoins qu’il me fallait satisfaire par moi-même. Il m’incombait donc de me prendre en charge, de m’assumer, me faire confiance, et ça, je ne l’avais pas appris ! 

Comment s'en sortir ?

Se libérer de la dépendance, c’est conscientiser ses propres mécanismes de défense, c’est cesser de répéter les mêmes scénarios de souffrance et les tourments non guéris de l’enfance.  
Pour s’engager sur la voie de la libération, un travail thérapeutique est souvent nécessaire pour restaurer un attachement plus secure à travers des ressources spécifiques pour troquer la peur et l’évitement contre la confiance et se sentir à même de faire des choix relationnels plus mâtures.
Le « pouvoir d’être » se fonde en effet sur notre capacité à vivre une vie intérieure plus riche et plus intense en accord avec ses vrais besoins..

 


Par Michèle Freud, psychothérapeut, directrice de Michèle Freud Formations
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